10/2025

PER : L'arme anti-impôts

Illustration PER - L'arme anti-impôts

Le PER : un outil fiscal trop souvent sous-estimé

La préparation de la retraite est un enjeu majeur. Allongement de la durée de vie, incertitudes sur les régimes obligatoires, pression fiscale… Les épargnants cherchent des solutions efficaces. Le Plan d'Épargne Retraite (PER) s'impose alors comme un outil puissant. Pas seulement pour constituer un capital. Mais surtout pour réduire l'impôt de manière significative.

Beaucoup le perçoivent encore comme un produit rigide, figé jusqu'à la retraite. Ils passent à côté de son avantage essentiel : son efficacité fiscale, particulièrement pour les contribuables les plus imposés.

Le principe : Déduire, maintenant. Taxer, plus tard.

Le fonctionnement du PER repose sur une logique simple. Les versements réalisés chaque année peuvent être déduits du revenu imposable. Lorsque l'on bénéficie d'un taux d'imposition élevé, cette déduction est une arme redoutable.

Les contribuables ont souvent du mal à comparer les différents mécanismes fiscaux. Réduction d'impôt, crédit d'impôt… et déduction. Pourtant, pour les foyers situés dans les tranches les plus hautes, la différence est majeure.

Une réduction d'impôt permet de diminuer uniquement l'impôt à payer. Une déduction, elle, agit en amont : elle réduit la base imposable. Plus la tranche marginale d'imposition est élevée, plus l'effet de levier est puissant.

Un exemple suffit à comprendre : un contribuable imposé à 41 % qui verse 10 000 € sur un PER économise 4 100 € d'impôt. Aucun autre avantage fiscal ne peut rivaliser à ce niveau de gain immédiat.

Ce mécanisme est d'autant plus intéressant que la taxation du capital et des revenus lors de la liquidation intervient généralement à un moment où le taux d'imposition du contribuable est plus faible : la retraite. Le gain est donc double : réduction fiscale à l'entrée, fiscalité allégée à la sortie.

Hors plafonnement des niches fiscales

Autre avantage rarement mis en avant : les versements sur le PER ne rentrent pas dans le plafonnement global des niches fiscales, fixé à 10 000 € par an. Ce point change tout pour les contribuables qui utilisent déjà d'autres dispositifs fiscaux.

Il devient possible de réduire encore l'impôt, au-delà du plafond habituel, ce que ne permettent pas la plupart des solutions défiscalisantes. Cet argument justifie à lui seul que le PER soit un incontournable de la stratégie patrimoniale des foyers fortement imposés.

Un outil efficace… mais pas pour tout le monde

Le PER n'est pas la solution universelle. Pour les contribuables faiblement imposés, en tranche à 0 % ou 11 %, l'intérêt fiscal disparaît presque. Ils déduisent peu aujourd'hui. Et risquent d'être davantage taxés à la retraite qu'au moment du versement. Dans ce cas, une assurance-vie est souvent préférable : elle offre une fiscalité plus douce à la sortie et une plus grande disponibilité des fonds.

La règle est simple : pour que le PER soit performant, le taux marginal d'imposition pendant la vie active doit être supérieur à celui estimé lors de la retraite. Ce différentiel fait toute la valeur du PER.

Le PER : une enveloppe, pas un placement

Il ne faut pas se tromper de combat. Le PER n'est pas en soi un investissement. C'est un cadre fiscal. Un contenant. La performance ne dépend pas du PER mais des supports financiers qu'il contient.

Et sur ce point, les pratiques du marché ne sont pas toujours favorables aux épargnants. Les gestions pilotées et gestions à horizon sont souvent mises en avant. Leur promesse : sécuriser progressivement l'épargne à l'approche de la retraite. Leur réalité : des frais élevés et une performance très moyenne dans le temps.

Une gestion libre, avec des supports performants et adaptés au profil de l'épargnant, génère généralement de meilleurs résultats. À condition d'être suivie, arbitrée, ajustée régulièrement. Car le temps joue un rôle majeur : sur une durée de 20, 30, 40 ans, les écarts de richesse finale peuvent être considérables.

S'entourer des bonnes compétences

Le PER doit s'inscrire dans une stratégie globale : évolution des revenus, objectifs de retraite, situation familiale, horizons de placement, gestion du risque. Il doit être piloté. Pas abandonné chez une banque qui ne le suivra pas.

Un mauvais choix d'allocation peut anéantir des années d'avantages fiscaux. Un bon pilotage peut transformer le PER en véritable outil de création de patrimoine.

En conclusion

Le PER est un levier fiscal puissant. Probablement le plus puissant mis à la disposition des contribuables fortement imposés. Il allège immédiatement la pression fiscale, sans être limité par le plafonnement des niches. Il permet de constituer un capital pour la retraite, en optimisant la différence entre la fiscalité d'aujourd'hui et celle de demain.

Mais c'est un outil technique. Il doit être manié avec cohérence et suivi dans le temps. Bien conseillé, il devient l'un des piliers d'une stratégie patrimoniale intelligente. Mal accompagné, il peut décevoir.

Préparer sa retraite ne se résume pas à ouvrir un produit. Il s'agit de faire les bons choix, au bon moment. Et le PER, bien utilisé, permet de mettre la fiscalité au service de l'épargne, et non l'inverse.